Re: ADAPTATION à l'environnement ordinaire : nécessité ou choix personnel ?

[Benedicte]

Salut!!

Je vous fais part de quelques observations que j'ai pu effectuer de moi- meme, par rapport a votre sujet.

Premierement, je n'ai jamais recherche la 'solitude' en elle meme. Toutefois, j'ai toujours eu besoin d'un 'espace vital de creation' dans mon quotidien afin de me sentir bien (ex: la possibilite d'etre seule avec ma musique).
Le sujet a attire mon attention sur le fait qu'a l'ecole, mes amis (car j'ai eu la chance d'en avoir pas mal) avaient pour point commun leur difference par rapport a 'la majorite', J'explique: mes amis etaient ceux qu'on (la majorite) qualifierait de socialement inadaptes (ex: difference physique, timidite, orientation sexuelle,... ). Nous etions differents entre nous mais notre difference par rapport aux autres faisait notre force dans les moments difficiles. Sans mes amis, je n'aurais probablement pas pu survivre (et meme m'amuser) au Lycee. D'ailleurs quand mes parents m'ont propose de changer d'ecole en raison des difficultes avec les profs et les eleves se sentant menaces (et devenant menacants!!!! )par mon independance intellectuelle et ma liberte d'etre, j'ai refuse pour ne pas les perdre.
Concernant l'ennui en classe, je ne l'ai jamais vraiment ressenti comme je passais mon temps a faire des caricatures et bandes dessinees tres creatives mettant en scene profs et eleves que je partageais avec mes amis pendant la recre!

(Au sujet du besoin d'un 'espace vital de creation', d'autres internautes ont ils aussi ressenti le meme besoin?)

[Admin]

Merci Virginie de votre réponse, et je vais préciser ma question avec des exemples personnels, pour mieux positionner le questionnement dont je souhaiterais débattre avec d'autres internautes :

- Soit le constant de la recherche fréquente de la solitude chez les personnes surdouées est une caractéristique de leur surdouement, autant de manière qualitative que statistique, dans le sens d'une recherche positive et active, et non pas "par défaut",

- soit c'est une caractéristique purement individuelle, qui n'a rien à voir avec le surdouement,

- soit c'est un phénomène d'adaptation à l'environnement, et là encore ce ne serait pas dans la "nature" des personnes surdouées que d'aimer être seule.

Dans mon expérience personnelle (la seule dont je puisse témoigner sans craindre l'interprétation subjective ou pseudo scientifique), la solitude a toujours été une recherche positive, un besoin vital, cad que jamais je n'ai souffert de ne pas avoir suffisamment d'amis et je n'ai pas non plus cherché à conserver à tout prix l'amitié de ceux qui la sollicitaient. (Ceci est bien sûr énoncé sans aucun prétention, même si la forme pourrait le faire croire).

Pour autant, je ne cherchais nullement à côtoyer des personnes dites "surdouées". Déjà à l'époque c'était un concept totalement inconnu, autant par moi que d'une façon générale. J'étais par contre beaucoup plus attiré par des enfants en difficultés ou ayant un handicap social ou physique.

Je me débrouillais alors, sans amertume ni ressentiment aucun, de mon "inadaptation" à l'environnement scolaire en lisant des romans ou des livres de philosophie asiatique, d'éthique ou de philosophie chétienne (Emmanuel Mounier, Gabriel Marcel, Jacques Maritain), quand d'autres ne s'intéressaient qu'au foot. Chacun sa vie et ses centres d'intérêts et cela ne me gênait nullement que d'autres ne partagent pas mes passions, et je ne parlais à personne de mes lectures. J'admettais cette différence comme étant une différence individuelle, comme certains préfèrent le chocolat et détestent la vanille !

Par contre, ce qui me gênait le plus, c'était l'ennui mortel des cours et l'attitude indifférente des profs qui manifestement s'ennuyaient aussi, et qui de toute évidence n'avaient que faire de l'intérêt suscité ou non par leurs cours. L'individu (et malheureusement encore moin la "personne"), ne semblent n'avoir aucune existence propre dans le monde des enseignants, et ce constat s'est encore plus accentué au Lycée, que j'ai rapidement quitté.

Cela a-t-il vraiment changé ? Que l'enfant soit surdoué ou dyslexique, tient-on vraiment compte de ses particularités et remet-on pour autant la méthode en question ? Qu'il y ait un Ministre de l'Education Nationale ou pas, qui se charge de dire des vérités scientifiquement évidentes (je parle ici de la méthode d'apprentissage de la lecture soi-disant "semi globale"), qui aura-t-il de réellement changé dans 30 ans ? C'est un simple constat.

Pour revenir à la question de la solitude : j'ai donc supposé, études scientifiques et observations cliniques à l'appui, que la solitude était le lot de toutes les personnes surdouées.

Or, je m'aperçois que beaucoup d'enfants se disent prêts à sacrifier (et ils font effectivement ce choix) un ou deux ans de leur vie scolaire, pour simplement avoir l'espoir de garder leurs camarades de classe, ce qui n'est par ailleurs nullement certain lorsqu'ils passent de l'école primaire au Collège ou du Collège au Lycée.

Il me semble que cette attitude serait encore plus marquée chez les filles.

Cela invaliderait donc l'hypothèse d'une asocialité "congénitale" chez les personnes surdouées, pour laisser supposer qu'il s'agirait plus d'une caractéristique historiquement individuelle, ou bien d'un comportement adaptatif.

En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu d'ami(e)s parmi les élèves de classe, car, autant qu'il m'en souvienne, soit je les percevais carrément stupides et inintéressants, soit scolairement passifs et sans personnalité, ou encore complètement omnubilés par les notes et les moyennes (là encore, je le dis sans prétention, simple constat).

Par contre, les rebelles et les passionnés par autre chose que l'école (la musique ou autre domaine, sauf le foot !!), ceux là étaient bcp plus attractifs.

Voilà, le débat reste ouvert, et j'espère que de nombreuses personnes surdouées interviendront pour nous aider à discerner l'objectif du subjectif, ce qui par ailleurs peut nous aider (parents autant que psychologues) à accompagner l'enfant dans son choix et à valider sans culpabilité sa décision, tout en sachant par ailleurs les dégâts que peuvent faire deux ou trois ans d'ennuis consécutifs dans sa scolarité, avec à la clef le sentiment marqué d'être nul, incapable et inadapté à vie.

[virginie]

Vous voulez dire pseudo-amis surdoues et adaptation par defaut "au groupe des surdoues"?

[Admin]

Bonsoir à toutes et à tous,

Après avoir lu le message de Virginie à propos des différentes étapes des personnes surdouées, et avoir entendu dans un groupe de parole d'enfants surdoués l'importance pour ces derniers de s'adapter coûte que coûte, de rester "ordinaire" et de privilégier plus que tout les contacts humains, je m'interroge de savoir :

- s'il s'agit d'une nécessité vitale (et donc tout de même d'un choix personnel) - du style : je préfère avoir ou garder des amis plutôt que la soi-disant brillance de mon intelligence ;

- ou bien s'agit-il d'une adaptation par défaut : faute d'un mieux-être dans mon entourage scolaire et social ordinaire, je vais me rabattre sur des pseudo-amis pour me sentir reconnu, au moins dans ce domaine ?

La question est d'autant plus troublante que parmi les amis de ses enfants surdoués, bcp d'entre eux semblent également surdoués !!

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